![]() |
||||||
L'histoire de l'endocrinologie Bien avant que ne soient connus le rôle et la fonction des hormones, les médecins et les chirurgiens des XIXe et XXe siècles ont pressenti, grâce à la méthode anatomo-clinique instituée par René Laennec, le rôle des glandes à sécrétion interne. Ils confrontaient les symptômes de la maladie et les altérations anatomiques révélées après autopsie. En 1840, Robert J. Graves, en Grande-Bretagne, et Karl Basedow, en Allemagne, étudièrent les états d'hyperfonctionnement du corps thyroïdien. Puis, en 1855, l'Anglais Th. Addison décrivit la maladie (insuffisance surrénale) qui porte son nom. Un certain nombre de maladies furent ainsi identifiées entre 1825 et 1932, en l'absence d'une connaissance du rôle physiologique de ces organes. La sécrétion selon Claude Bernard Professeur au Collège de France, Claude Bernard écrivait en 1855: «On s'est longtemps fait une très pauvre idée de ce qu'est un organe sécrétoire. On a pensé que toute sécrétion doit être versée sur une face interne ou externe et que toute glande doit être nécessairement pourvue d'un canal excréteur. L'histoire du foie et de sa fonction glycogénique établit d'une façon nette qu'il y a des sécrétions internes, dont le produit, au lieu d'être déversé à l'extérieur, est transmis directement dans le sang. Il doit donc être maintenant bien établi qu'il y a dans le foie deux fonctions de la nature de sécrétions. L'une, sécrétion externe, produit la bile, qui s'écoule dehors, l'autre, sécrétion interne, forme de sucre, qui entre immédiatement dans le sang de la circulation générale.» les expériences de Brown-Séquard Par ailleurs, Brown-Séquard se traita lui-même par des injections sous-cutanées de suspension aqueuse de testicule; il voulait restaurer l'énergie des sujets sénescents et des convalescents. Il rapportait en 1889: «Nous admettons que chaque cellule de l'organisme sécrète pour son propre compte des ferments spéciaux qui sont versés dans le sang et qui viennent par l'intermédiaire de ce liquide influencer toutes les autres cellules, ainsi rendues solidaires par un mécanisme autre que celui du système nerveux.» Dès 1856, il constatait que l'ablation des glandes surrénales chez le chien entraîne la mort rapide de l'animal; il attribua ce phénomène à la disparition des sécrétions internes. Ainsi Brown-Séquard donnait-il une place cohérente aux sécrétions internes en physiologie et en pathologie, leur attribuant notamment un rôle similaire à celui du système nerveux. L'endocrinologie moderne Ces précurseurs vont ouvrir la route à l'endocrinologie moderne, qui prend tout son essor au XXe siècle avec la notion d'hormone. Un caractère restrictif fut alors donné à la définition de la sécrétion interne de Claude Bernard, qui prenait en compte toutes les substances sécrétées. La découverte des hormones En 1901, Jokichi Takamine et Thomas B. Aldrich furent les premiers à cristalliser une hormone, l'adrénaline; son action, à dose infinitésimale, démontre son rôle de messager chimique. Elle est synthétisée en 1904 par Friedrich Stolz. À la même époque, Ernest H. Starling et William M. Bayliss mirent en évidence une substance, la sécrétine, qui déclenche la sécrétion interne du pancréas. Introduit par William B. Hardy, le mot «hormone» fut repris par Starling.En décembre 1914, l'Américain Edward C. Kandall isola la thyroxine, considérée alors comme la seule hormone thyroïdienne. En 1923, Frederick G. Banting et John J.R. Macleod reçurent seuls le prix Nobel de physiologie pour la découverte de l'insuline, alors que plusieurs autres (notamment Charles H. Best, qui étudiait dans le laboratoire de Macleod à Toronto) avaient également mis en évidence son action. L'endocrinologie allait ensuite englober des disciplines aussi variées que la cytologie, la biochimie cellulaire et la biologie moléculaire. Le système endocrinien Les glandes endocrines gèrent de nombreux phénomènes. Chargé, avec le système nerveux, de maintenir la stabilité du milieu intérieur, le système endocrinien (les glandes et les hormones) est en fait indispensable à la vie. En étroite collaboration avec les centres végétatifs du cerveau et le système nerveux, il contrôle la nutrition, le métabolisme, la croissance, le développement physique, la maturation psychique, la reproduction, l'adaptation à l'effort et l'équilibre du milieu intérieur. Chaque élément du système intervient par modification des quantités d'hormones déversées. Ces quantités sont la plus souvent régulées par rétroaction, la glande endocrine réglant directement son fonctionnement d'après la composition du milieu, mais ce n'est pas toujours le cas: la libération d'adrénaline ou de noradrénaline par la médullosurrénale est déclenchée par une impulsion nerveuse, et notamment par les centres hypothalamiques ; en fait, il existe une véritable corrélation entre le système nerveux et le système endocrinien. I- Concept de glande endocrine: Le concept de glande endocrine repose sur quatre critères : I-1 Critère morphologique : Une glande endocrine ne possède pas de canal excréteur Les cellules excrétrices endocrines sont orientées vers les capillaires sanguins I-2 Critère chimique : Les extraits ou le sang en provenance de cette glande, renferment un ou plusieurs produits chimiquement bien définis et biologiquement actifs. I-3 Critère physiologique : Les produits élaborés par ce type de glande sont libérés dans le sang et exercent leur action généralement à distance sur des organes effecteurs ou organes cibles. I-4 Critère physiopathologique : Les modifications (en plus ou en moins : hyper ou hypofonctionnement) pathologique ou expérimentales se traduisent par les modifications fonctionnelles correspondantes. II- proprietes générales des hormones Une hormone est une substance chimiquement bien définie agissant à distance ou localement, sur des tissus ou organes cibles qui en sont les récepteurs. II.1. Type d'effet des hormones Comme nous l'avons déjà signalé, les hormones sont des sémiomolécules sécrétées par des groupes de cellules caractéristiques. Déversées dans le sang, elles atteignent leurs cellules - cibles après un trajet plus ou moins long dans le système circulatoire. Les hormones agissent généralement à très basse concentration (10-10 - 10- Les hormones ont été beaucoup plus étudiées chez les vertébrés que chez les invertébrés. Il n'existe en fait pour ces derniers que quelques études pouvant à l'heure actuelle être intégrées dans des ensembles cohérents concernant essentiellement la croissance et la mue. Nous nous concentrerons donc essentiellement sur les glandes endocrines et sur quelques exemples de régulations hormonales chez les vertébrés. |
![]() |